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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 09:12

LE SILENCE DE DIEU

Dans le poème, de Jb 3 à Jb 37, on a cinq personnes qui parlent de Dieu mais Dieu où est-il ?
On l'a vu, Job et ses amis souhaitent l'intervention de Dieu pour des motifs différents.
Pendant tout le poème, tout le monde réclame à corps et à cris l'intervention de Dieu.

Même le lecteur ! C'est un procédé littéraire qui amplifie l'impact de la réponse de Dieu

LES DISCOURS DE DIEU : SURPRISE ! 

Enfin il se manifeste au chapitre 38 : Dieu parle du milieu de la tempête Jb 38.1 et Jb 40.6 (  1 ). De quelle tempête s'agit-il ? Certainement de la tempête spirituelle dans le coeur de Job !

Mais quelle surprise quand on lit Dieu : une série de questions en cosmologie et science naturelle !

On a l'impression que Dieu ne répond pas aux questions que Job a posé tout au long de ses discours.

Au contraire Dieu pose des questions pendant 2 chapitres entiers !

DIEU REMET JOB A SA PLACE
Il le remet à sa place dans l'espace : Job est insignifiant (ex Jb.38.16-17).

Il le remet à sa place dans le temps : Job n'est pas éternel (ex Jb 38.21)
.
Il le remet à sa place dans la sagesse : le vrai sage c'est Dieu !

Par l'abondance de question rhétoriques du style « le sais-tu ? », « connais-tu ? »,
Dieu signifie que Job ne sait rien et n'a pas compris grande chose de Dieu. Et le discours se conclut par : « Celui qui critique Dieu a-t-il une réponse à tout cela ? » (Jb 40.2b).

L'auteur du livre présente
Dieucomme LE sage par excellence: car dans la sagesse du proche orient ancien, il était de coutume de faire des listes d'animaux ou des descriptions à n'en plus finir pour montrer qu'on avait observé le monde et qu'on l'avait compris ( 2 ).

Quand Dieu commence à parler enfin, il dit :

Jb 38.2Qui est celui qui obscurcit mes desseinspar des propos dénués de connaissance ?

Job ne connaît ni Dieu ni ses desseins ! Il n'a pas de relation personnelle, émotionnelle, intime, avec Dieu.
Job est
juste au sens légal du terme --> c'est pourquoi il voulait un procès.
Mais il n'était
pas juste au sens relationnel du terme --> on ne fait pas de procès à quelqu'un qu'on aime.

Un autre exmple biblique de cette justice légale mais pas relationnelle n'est autre que celui de Saul de Tarse (qui deviendra l'apôtre Paul) :

Moi, pourtant, j’aurais des raisons de mettre ma confiance dans la chair. Si d’autres considèrent qu’ils peuvent mettre leur confiance dans la chair, à plus forte raison moi : circoncis le huitième jour, de la lignée d’Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu né d’Hébreux ; quant à la loi, pharisien ; quant à la passion, persécuteur de l’Eglise ; quant à la justice de la loi, irréprochable. Mais ce qui était pour moi un gain, je l’ai considéré comme une perte à cause du Christ. (Philippiens 3.4-7) .

La justice :
Ce n'est pas "être parfait" (comme Job ou Paul)
Mais c'est "avoir une relation avec Dieu
" ( 3 ).


DIEU CORRIGE JOB
...
Job avait bien compris que quelque chose n'allait pas dans la sagesse de ses amis. Pourtant il avait le même système de pensée qu'eux. La même sagesse. Les mêmes raisonnements :
Jb 13.1-2
Oui, mon oeil a vu tout cela. Mon oreille l'a entendu et l'a compris. 2 Ce que vous savez, je le sais moi aussi, Je ne vous suis pas inférieur.

Ce que Job a critiqué n'était pas le vrai Dieu ! Il a critiqué le faux Dieu de la rétribution !

 Mais il n'a pas su sortir de son système de pensée pour progresser dans la connaissance de Dieu.
Là où ses amis se voilent la face pour faire coïncider leur expérience avec leur façon de penser, Job remet tout en cause (religion, sagesse, Dieu) mais toujours dans la même façon de raisonner. Il fait le
pendule.

C'est pourquoi Dieu l'amène à voir ses limites : réfuter l'erreur est une bonne chose, mais si on se borne à cela, on ne progresse pas.

... ET JOB EST TRANSFORME

La provocation initiale de Job reste inefficace : Jb 23.2-9 = il ne trouve pas Dieu de cette manière.
Mais dans ses réponses à Dieu Job est transformé : le ton et le style sont différents.
Job est ici beaucoup plus révérencieux et humble : il fait le constat :
- De son impuissance (Jb 40.4a Voici: je suis peu de chose)
- De son manque de sagesse (« j'ai trop parlé » dit il en substance en Jb 40.4b-5 et en Jb 42.3)
- Qu'il ne connaissait pas Dieu
Jb 42.5Mon oreille avait entendu parler de toi; Mais maintenant mon œil t'a vu.

La prise de conscience de Job se fait en deux étapes ( 4 ) :

- Humiliation
- Relation


Le vs 42.5 est encore une clé du livre :

- Job ne connaissait Dieu que par l'enseignement qu'on lui en avait donné.
- Mais Job n'a jamais fait l'expérience de Dieu lui permettant d'avoir une relation avec Dieu.

- Il n'avait jamais « rencontré Dieu ».

Maintenant il a « vu » Dieu. Il a eu une vision ( 5 ). Une révélation ( 6 ).

- On peut être religieusement/légalement juste et être loin de Dieu (cf. parabole des 2 fils, Luc 15)
- Il ne s'agit pas d'être juste mais de connaître Dieu personnellement !
-
On ne naît pas chrétien, on le devient ( 7 ).

Telle est la réponse de Dieu à la question récurrente de Job (Jb 9.2) Eliphaz (Jb 4.17) et Bildad (Jb 25.4) : comment un homme serait-il juste devant Dieu ?


Questions pour méditer :

- Qui les "silences de Dieu" vous poussent-ils à remettre en question ? Dieu ou vous-même ?
- Quelle relation avez-vous avec Dieu ? Une relation légaliste ou une relation intime ? Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer votre réponse ?
- Dans l'Eglise, êtes-vous celui qui conteste sans rien proposer de concret ? Votre critique est-elle constructive ?
- De quoi faut-il avoir peur ? d'offenser Dieu ou de ne pas être proche de Dieu ?
- Comment faites vous pour laisser Dieu agir quand c'est la tempête dans votre coeur ?
 

 


Notes :

1 contraste avec 1Rois 19.12-13 Elie au mont Horeb --> Elie a peur, mais il n'y a pas de raison d'avoir peur

2 Psaume 8, 105, 148... la fourmi de Pr 6... et la littérature extra-biblique

3 1Sam 15.22 / Mt 7.21-23 / Lc 6.46

4 Cela fait penser à Marc 8.22-26 quand Jésus s'y reprend à deux fois pour rendre la vue complète à l'aveugle.

5 On comprend que Job n'a pas vu Dieu avec ses yeux physiques. Mais plutôt avec les yeux du coeur (Eph 1.18). Cela pose question quant à l'utilité spirituelle des « apparitions » dont certains pensent avoir été témoins ; qu'elles soient vraies ou fausses.

6 Cette révélation, c'est l'auteur du livre qui l'a eue et qui nous la transmet à travers l'histoire de Job. Il était inspiré.

7 Jn 1.12-13 ; la formule est de Tertullien.

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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 13:06

La souffrance de Job est pour les amis le signe d'un problème chez Job. Or si il y a un problème il ne peut venir que de Job, pas de Dieu. Job n'hésite pas à dire le contraire :

 

Job considère que s'il souffre c'est la faute de Dieu

Jb 19.6-12
Reconnaissez alors que c'est Dieu qui me fait tort Et qui m'enveloppe de son filet. 7 Si je crie à la violence, nul ne répond; Si j'appelle au secours, point de jugement! 8 Il m'a barré la route, et je ne puis passer; Il a mis des ténèbres sur mes sentiers. 9 Il m'a dépouillé de ma gloire, Il a ôté la couronne de ma tête. 10 Il me renverse de toutes parts, et je m'en vais; Il a arraché mon espérance comme un arbre. 11 Sa colère s'est enflammée contre moi, Il m'a considéré comme (l'un de) ses adversaires. 12 Ses troupes surviennent ensemble, Elles se sont frayé leur chemin jusqu'à moi, Elles ont établi leurs camps autour de ma tente.
C'est un psaume à l'envers !1

 

Dans certains passages, Job considère même Dieu comme son ennemi !

Jb 27.7b ...
Et que celui qui s'élève contre moi [c'est à dire Dieu] soit comme l'homme injuste!

 

Job pense que Dieu lui en veut, à lui et à l'humanité entière et qu'il viole le droit

Jb 7.19-20
Quand cesseras-tu d'avoir le regard sur moi ? Quand me laisseras-tu le temps d'avaler ma salive ? 20 (Si) j'ai péché, qu'ai-je pu te faire, gardien des hommes ? Pourquoi m'as-tu pris pour cible ? Pourquoi suis-je à charge à moi-même ? 21 Que n'enlèves-tu mon crime, Et ne laisses-tu passer ma faute ? Car maintenant je vais me coucher dans la poussière; Tu me chercheras, et je ne serai plus.

Jb 10.4-14 = tu m'as créé avec l'intention préméditée de me punir pour mes péchés

Jb 12.16-25 = Dieu prend plaisir à s'opposer aux hommes

 

Alors Job veut entrer en procès contre Dieu

Jb 9.32-33
Il n'est pas un homme comme moi, pour que je lui réponde, Pour que nous allions ensemble en justice. Il n'y a pas entre nous d'arbitre, Qui pose sa main sur nous deux.

Jb 13.3-8 Mais moi je vais parler au Tout-Puissant, Je veux défendre ma cause devant Dieu,
4 Car vous, vous accumulez la fausseté, Vous êtes tous des médecins de néant.
5 Que n'avez-vous gardé le silence ? C'aurait été pour vous la sagesse.
6 Écoutez, je vous prie,
ma défense Et soyez attentifs au plaidoyer de mes lèvres.
7 Direz-vous en faveur de Dieu ce qui est injuste, Et pour lui, direz-vous ce qui est faux ?
8 Voulez-vous avoir égard à sa personne ? Voulez-vous
plaider pour Dieu ?

Et Jb 19.6 / Jb 13.18 Job parle de droit avec un vocabulaire législatif : il s'agit bien de rentrer en procès contre Dieu ! et Jb 31.34-40 est un véritable réquisitoire

 

Et Finalement, Job ne sais plus quoi penser, il est « perdu »


Jb 16.20-21
et Jb 17. 3 = Job fait appel à Dieu pour le défendre contre Dieu !

Job demande à Dieu d'être à la fois Juge et Avocat.
La souffrance spirituelle de Job touche au paroxysme

 

Comment peut-on en arriver là ? Pour Job, Dieu est à l'origine de tout, du bon comme du mauvais (cf Jb 1.21 ou 2.10). Ainsi Dieu est à la fois la cause du problème et l'ultime recours : Image tordue de Dieu :
Jb 13.15 Même s'il voulait me tuer, je m'attendrais à lui; Oui, devant lui je défendrais ma conduite.

 


 

Questions pour méditer :
- Avez-vous parfois l'impression que Dieu est contre vous ?
- Avez-vous parfois l'impression que si vous étiez Dieu, vous gèreriez mieux le monde et sa souffrance ?
- Mais avez-vous la foi de Job qui s'accroche au fait que Dieu est avec ceux qui souffrent ?
- Qu'attendez-vous de Dieu après ce que dit Job ?

 

 


Note

1 Voir par exemple les psaumes 25.3,5,21 / 27.14 / 37.9,34 / 39.8 / 40.2 / 69.7 / 62.6 / 71.5 / 130.5

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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 10:03

Selon le texte en prose (cadre narratif) Job est le plus grand de tous les fils d'Orient (1.3), intègre et droit, craignant Dieu et s'écartant du mal (1.1). Zélé même pour les autres (1.5).
Le poème aussi permet de déceler un homme plein de qualités exceptionnelles (4.3, chapitre 29).
La réputation de Job déborde même de Jb : Ezechiel 14.18-20 (note1), Jacques 5.11.

C'est donc à bon droit que Job exprime son incompréhension de la « punition » (Job 19.13-20). Il va même en appeler à Dieu lui même pour avoir une réponse : Job 30.20a Je t'appelle au secours, et tu ne me réponds pas; ... Mais n'obtenant pas de réponse il va se rebeller contre ses amis :


Eliphaz met la pression à Job :
Jb 22.21 Accorde-toi donc avec Dieu, et tu auras la paix; Par là, ce qui te reviendra sera bon.

 

Mais Job résiste à la pression :
Jb 27.5-6Loin de moi la pensée de vous donner raison! Jusqu'à ce que j'expire, je ne renoncerai pas à mon intégrité ; 6 Je tiens à ma justice, et je ne faiblirai pas; Mon coeur ne me fait de reproche sur aucun de mes jours.
Jb 12.2 On dirait, en vérité, que le genre humain c'est vous, Et qu'avec vous doit mourir la sagesse.

 

Job a des arguments liés à sa propre expérience : la théologie de la rétribution ne marche pas :

Jb 21.7-9, 30-33 Pourquoi les méchants vivent-ils ? Pourquoi vieillissent-ils et même reprennent-ils des forces ? 8 Leur descendance s'affermit avec eux, en leur présence, Et leurs rejetons (prospèrent) sous leurs yeux. 9 Dans leurs maisons c'est la paix, et non la peur; Le bâton de Dieu n'est pas contre eux. [tout le chapitre 21 est une interrogation sur la réussite des méchants !] 30 Au jour de la misère, (celui qui fait) le mal est épargné, Au jour où le courroux se déchaîne. 31 Qui lui reproche en face sa conduite ? Qui lui rend ce qu'il a fait ? 32 Il est porté au cimetière, Et l'on veillera sur son sépulcre.

 

Mais les « amis » n'en démordent pas. D'où la répétition des thèmes (Jb 19.3)...

 

Alors tout le monde souhaite l'intervention de Dieu :
-->
Job pour obtenir une explication à sa souffrance injuste :

Jb 23.1-5 1Job répondit: 2 Aujourd'hui encore ma plainte est une révolte, Ma main étouffe mon gémissement. 3 Oh! Si je savais où le trouver, Si je pouvais arriver jusqu'à sa résidence, 4 J'exposerais devant lui mon droit, Je remplirais ma bouche d'arguments, 5 Je connaîtrais les propos pas lesquels il me répondrait, Et je pourrais comprendre ce qu'il me dirait!
-->Les amis pour qu'ils montrent à Job sa culpabilité :

Jb 11.5-6 Oh! si Dieu voulait parler, S'il ouvrait les lèvres devant toi, 6 Et s'il t'annonçait les secrets de sa sagesse, Qui dépasse la raison, Tu saurais alors que Dieu, pour toi, laisse dans l'oubli une partie de ta faute.

 

Job appelle ses amis des "médecins de néant" ! (Jb 13.4)


Questions pour méditer :
- Pourquoi Job se rebelle-t-il contre ses amis ?
- A-t-il raison de le faire ?
- Cela vous est-il arrivé de percevoir qu'une théorie ne colle pas à votre expérience ? (dans les médias, dans des livres, avec vos relations... ou dans l'église ?)

 


Notes

1 On le retrouve en parmi les justes avec Noé ; ils ont des points communs : comme Noé, Job s'oppose à la vision de Dieu des hommes de son temps. Il prend le chemin étroit, non seulement dans sa conduite, mais aussi dans sa façon de voir Dieu.

 

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