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28 juin 2013 5 28 /06 /juin /2013 20:12

Il y a presque autant de doctrines chrétiennes que de chrétiens ! Pourquoi la pensée chrétienne est-elle si divisée ? Pourquoi n'est-elle pas comme un discours scientifique qui s'imposerait à la pensée humaine ? Il est difficile de répondre brièvement à cette question, mais la première chose à comprendre c'est que l'Evangile n'est pas de l'ordre scientifique, mais de l'ordre relationnel.

Je ne sais pas combien de personne j'ai pu rencontrer dans ma vie, mais quelques-un m'aiment beaucoup, d'autres moins, et d'autres pas du tout. Certains pensent me connaître. Beaucoup sont indifférents à mon existence et m'ont oublié. Je pense pouvoir dire que toutes les personnes que je connais ont une relation avec moi différente de toutes les autres. Il en est de même avec Dieu qui n'est pas quelque chose qu'on étudie scientifiquement, mais quelqu'un qu'on rencontre.

La différence entre les églises, provient du fait qu'elles proposent différents modes de rencontre. Cela pourrait paraître anodin, mais selon la manière dont on le rencontre, on va s'attacher à Lui de manière différente, plus ou moins profonde et plus ou moins vraie.

J'ai décrit dans les articles précédant un processus à la fois biblique, cohérent et simple pour rencontrer le Christ. Cette rencontre peut sauver notre vie du manque de sens, de l'autodestruction par le péché, de la production du mal, mais aussi de la mort. Mais est-ce à dire que tous ceux qui ne suivent pas ce processus pourraient être perdus ? Suis-je arrogant en pensant avoir raison, en voulant porter la bonne nouvelle autour de moi, en tentant d'aider d'autres à connaître celui que j'ai rencontré ? Au fond Dieu n'est-il pas capable de sauver les gens malgré eux ? Il est vrai que si Dieu est tout puissant, il peut faire ce qu'il veut, et donc sauver qui il veut. Et s'il ne le fait pas, alors peut-il toujours être définit comme « amour » (1Jean 4, 8.16) ? En réalité, poser la question en ces termes revient à faire de Dieu le problème de la relation entre Lui et les hommes. Or toute la tradition biblique nous apprend que le problème de l'humanité n'est pas Dieu, mais l'homme lui-même qui veut prendre la place de Dieu. Reporter le problème de notre salut sur un dieu qui rechignerait à nous sauver ne serait-il pas encore une fois vouloir imposer à Dieu notre volonté ? Je suis conscient que ce que je dis n'est pas populaire, comme ne l'est pas un passage comme Matthieu 7,21-23, mais Dieu « qui veut que tous les humains soient sauvés » (1Timothée 2,4) ne sauve que ceux qui veulent être sauvé « non pas comme ils veulent mais comme Dieu veut ». Le Christ lui-même s'est imposé d'obéir au Père, non pas comme il aurait préféré, mais selon la volonté du Père, pour sauver les hommes (Matthieu 26,39c).

Certes ceux qui imposent leurs convictions ne sont pas à l'image de Dieu qui n'impose pas qu'on l'aime. Quand on impose (par quelque moyen que ce soit), c'est qu'on n'est pas capable de convaincre, et qu'on a peur d'être convaincu soi-même. Mais ceux qui ne partagent pas leur foi d'une manière claire ne sont pas non plus comme Lui, qui veut que tous les hommes « parviennent à la connaissance de la vérité » (1Timothée 2,4) : leurs convictions sont également faibles et peut-être aussi ont-ils peur de se confronter aux convictions des autres.

C'est pourquoi, face à la sécularisation d'un côté et à la montée des extrémismes de l'autre, l'attitude chrétienne consiste à renforcer ses propres convictions et sa foi (la béréenne attitude est un bon moyen) tout en étant un militant pacifique du Christ au risque de déranger et d'être dérangé en retour.

John Newton a dit « Si jamais j’atteins le ciel je m'attends à y trouver trois merveilles : d'abord y rencontrer certains que je n'aurais pas pensé y voir ; ensuite, qu'il y manque certains je m'attendais à y voir et, enfin, la plus grande merveille de toutes, de m'y retrouver personnellement »1. Je pense que pour un croyant, cette attitude est la bonne vis à vis de qui est sauvé ou qui est perdu, car elle permet à la fois de prêcher avec conviction, tout en laissant à Dieu le soin de préparer le paradis.

 

Questions pour méditer :

- Est-ce que je doute de mes convictions ? Le fait que des églises soient plus fortes, plus grandes, plus médiatiques, me fait-il penser qu'elles ont plus raison que les autres ?
- Quelle attitude permet de se forger des convictions en béton ?
- Est-ce à la mode d'avoir des convictions ?
- Dieu s'est-il imposé à moi par la force, par la peur, par l'éducation ou par l'amour ?
- Qui est-ce que je rêve de rencontrer au ciel ? Que faut-il faire pour que cela arrive ?

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Notes :

1 « If I ever reach heaven I expect to find three wonders there : first to meet some I had not thought to see there ; second to miss some i had expected to see there ; and third, the greatest wonder of all, to find myself there ».

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27 juin 2013 4 27 /06 /juin /2013 20:00

Toutes les communautés chrétiennes du monde ou presque, sont unanimes pour dénoncer comme un scandale la fragmentation du christianisme, car il est impossible de voir en cela la volonté de Dieu (Jean 17,21). Alors certains ont imaginé adapter la doctrine chrétienne à l'état du christianisme plutôt que l'inverse : le christianisme devient ainsi une doctrine relative qui inclus tout, ou au contraire fondamentaliste qui exclue beaucoup.

Mais alors comment envisager la fraternité chrétienne si pour être chrétien il faut suivre le processus que nous avons définit à l'article précédant, et qui demande de croire, se repentir, être baptiser et persévérer dans la vie de disciple ? Comment se comporter envers ceux qui professent le Christ sans suivre ce processus biblique que nous reconnaissons comme simple, clair et pertinent ? Comment considérer les relations avec ceux qui ne suivent pas cette conviction ou ne la suive que partiellement ?

On peut envisager la communion avec les autres églises, mouvements chrétiens et l'humanité en considérant six niveaux de proximité fraternelle :

1- L'église locale : ma « famille spirituelle », dont les membres sont mes frères et sœurs de tous les jours, compagnons d'oeuvres dans la mission, ceux qui me connaissent et peuvent à ce titre m'encourager, me défier, m'exhorter, me consoler. Ceux à qui je dois apprendre à faire confiance et à qui il me faut m'ouvrir et avec lesquels je peux être vulnérable. Ils sont aussi probablement ceux qui me blesseront le plus facilement et ceux à qui je devrais pardonner le plus souvent. En bref, ils sont ceux avec qui je marche sur le chemin de la vie à la découverte du Christ concret comme les disciples d'Emmaüs.

2- Les églises sœurs de mon église : mes « cousins germains » avec lesquels j'ai une grande proximité de pensée, une relation privilégiée, chez qui je peux aller sans être dépaysé. Les chrétiens de ces églises peuvent aussi être très proches de moi, même s'il ne partagent pas ma vie quotidienne. Je peux créer des relations spéciales avec certains qui ont le même métier ou les mêmes responsabilités ecclésiales. Parfois ils peuvent avoir des handicaps ou problèmes similaires aux miens et m'aider dans ma lutte pour la fidélité au Christ.

3- Les églises différentes ayant la même doctrine du salut : des « cousins éloignés ». Là, la distance commence à se faire sentir, et les rencontres seront moins fréquentes, mais la proximité dans la façon de concevoir la foi et la vie spirituelle permet une tendresse particulière. Peut-être faudra-t-il faire un effort pour se rencontrer sans laisser le temps filer, et qui sait, l'humilité que Dieu nous enseigne fera peut-être des miracles pour nous rapprocher.

4- Les églises différentes n'ayant pas la même doctrine du salut : des « confrères » 1. La communion dans ce cas sera probablement moins profonde même si les discussions pourront être passionnées et éclairantes. Nos valeurs sont souvent proches, mais parfois nous pourrons être surpris d'être en désaccord sur des sujets qui nous semblent majeurs. Mais à bien y réfléchir qu'est-ce qui est préférable : un ami passionné par Christ qui a des convictions différentes ou un frère déprimé dont la passion s'est affaibie 2 ? Une attitude importante sera la reconnaissance, au delà des désaccords, des réussites de l'autre qui peuvent inspirer de nouvelles façon de louer, chanter, vivre avec notre Seigneur, prendre soin des pauvres et transmettre la foi. En Marc 9,38-40, Jésus dit « En effet, celui qui n’est pas contre nous est pour nous », mais il ne dit pas « celui qui n’est pas contre nous est l'un de nous ». Ainsi nous ne sommes pas ennemis. Or dans chaque église, nous avons (souvent) été « éduqués » à considérer d'abord les erreurs des autres avant de considérer le bien qu'ils font : malgré leurs erreurs notoires, leurs comportements parfois inacceptables et leurs tendances trop fortement religieuses, les églises historiques ont fait plus de bien que de mal. Dans une telle rencontre, chacun aura à cœur de respecter l'autre mais au fond, aussi, l'envie de le convaincre...

5- Les croyants d'autres religions : des « étrangers à connaître ». Il est passionnant de considérer l'histoire et la culture des autres religions. D'entrer en contact avec une vision de Dieu et du monde différente. De nouer des liens ou des amitiés qui offrent encore plus de découverte quand il n'y a pas d'hostilité. Celle-ci ne devraient d'ailleurs jamais provenir des chrétiens (2Timothée 2,24) qui auront à cœur de faire découvrir leurs convictions avec douceur (1Pierre 3,15-16).

6- Les non croyants : des « voyageurs sans carte ». Comment ne pas avoir compassions de ces personnes qui traversent la vie sans avoir la chance d'avoir un guide comme Jésus, persuadés pour la plupart qu'ils peuvent y arriver tout seul. C'est l'amour qui peut convaincre ceux qui sont réticents à plonger les regards dans la loi parfaite (Jean 13,35 et Jacques 1,25). De par leur humanité, ils sont nos frères, nous en sommes les gardiens, et toute personne dans le besoin fait partie de ceux dont nous devons prendre soin (Luc 10,25-37).

 

En conclusion : nous avons tout à fait le droit de penser qu'on a raison, mais cela ne doit pas nous amener à juger (au sens de condamner) les autres, mais au contraire, à entrer en dialogue avec eux. Mais cela nécessite d'avoir une foi ferme et argumentée, car pour dialoguer, encore faut-il avoir quelque chose à dire.

 

Questions pour méditer :

- Est-ce que je tente d'adapter ma doctrine au monde que je vois ou au contraire à influencer le monde pour qu'il connaisse ma doctrine ?
- Cette doctrine est-elle simple et facile d'accès pour tous ?
- Comment est-ce que je considère les gens que je rencontre et qui n'ont pas les mêmes convictions que moi ? Comme des ennemis ou comme des opportunités ? (cf Jean 4,35).

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Notes

1 A partir de là, je m'adresse à des chrétiens convaincus, dont les convictions ne ressemblent pas « au flot de la mer que le vent agite et soulève » (Jacques 1,6). A ceux-ci, avant d'entrer en contact avec d'autres mouvements voire d'autres religions, je conseille de mieux se connaître et de s'affremir dans leur propre foi.

2 Bien évidemment, il ne faut pas laisser tomber le frère affaibli !

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26 juin 2013 3 26 /06 /juin /2013 21:32

Matthieu 28.19-20 Allez, faites des gens de toutes les nations des disciples, baptisez-les pour le nom du Père, du Fils et de l'Esprit saint, 20 et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai commandé. Quant à moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde.

La dernière parole de Jésus selon l'Evangile attribué à Matthieu, est donc un triple commandement de :
- faire des disciples de toutes les nations
- les baptiser au nom de la trinité
- leur enseigner tout ce que Jésus a prescrit

L'évangéliste termine son évangile ainsi pour exhorter les chrétiens d'Antioche à mettre en pratique ce commandement. La mention de toutes les nations est une invitation faite à l'Eglise de sortir de son microcosme culturel (note 1). Et l'Esprit-Saint, à travers lui nous exhorte, nous, et tous les chrétiens du monde entier (pas seulement les dirigeants des églises) à faire de même. Il est donc important de savoir ce qu'est un disciple si l'on veut obéir à ce commandement.

Actes 2 qui décrit la pentecôte, nous donne une réponse très claire à la question « comment devient on chrétien ? » (note 2). Après avoir prêché la bonne nouvelle (Jésus crucifié à cause de nos péchés, mais ressuscité d'entre les morts) les juifs présents ce jour là « eurent le cœur transpercé » et demandent à Pierre : « Frères, que devons-nous faire ? Pierre leur dit : Changez radicalement ; que chacun de vous reçoive le baptême (note 3) au nom de Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés, et vous recevrez le don de l'Esprit saint » (Actes 2,37-38).

Le processus est d'une simplicité et d'une pureté (cf le ἁγνότητος, pur de 2Corinthiens 11,3) sans ambiguïté : pour devenir disciple de Jésus le Christ mort et ressuscité, il suffit d'entendre la bonne nouvelle pour avoir la foi (Romains 10,17), de se laisser toucher (transpercer le cœur ! rien que ça, cf Matthieu 13,1-9.18-23), de changer radicalement, et d'être immergé (au passif : on ne s'immerge pas soi-même) au nom de Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés. C'est facile à comprendre intellectuellement, mais d'une exigence spirituelle qui demande du cœur.

Ceux qui suivent ce processus avec leur cœur, et persévèrent (Marc 13,13), peuvent dire sans manquer de confiance qu'ils sont chrétiens, disciples de Jésus, Saints (2Corinthiens 1,1, Ephésiens 1,1, Philippiens 1,1), et même bien-aimés de Dieu (Romains 1,7).

Questions pour méditer :

- Que devons-nous faire pour devenir chrétiens ?
- Est-ce facile à comprendre ?
- Est-ce que je suis confiant dans mon salut ?

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Notes :

1 L'évangéliste Matthieu avait entre autres objectifs d'aider l'Eglise à se remettre de son exclusion de la synagogue.

2 Nombreux sont ceux qui pensent que ce passage n'est pas suffisant, ou est inadapté car ne correspondant pas à la conversion de païens mais de juifs. Mais les chrétiens qui entendaient lire l'évangile de Luc puis les Actes (qui sont du même auteur et qui racontent la suite de l'évangile), n'étaient pas nombreux à être des sages, des puissants ou des nobles (1Corinthiens 1,26) érudits ou théologiens. Ils comprenaient ce passage de manière simple (cf 2Corinthiens 11,3). Bien sur, un passage ne peut être expliqué qu'en cohérence avec le reste de la Bible, ce que ne pouvaient pas faire les premiers chrétiens qui n'avaient pas tous les écrits du Nouveau Testament. Cependant il faut remarquer que la plupart des épitres s'adressent à des gens étant déjà chrétiens, et n'expliquent pas aussi clairement qu'Actes 2 comment on devient chrétien. En effet les auditeurs des lettres de Paul (par exemple) savaient déjà comment on devient chrétien.

3 Le mot grec peut nous éclairer un peu sur le sens de cette pratique essentielle pour le christianisme. Ici le mot exacte est βαπτισθήτω (prononcer baptisthètô). Il s'agit d'un verbe à l'impératif aoriste passif 3e personne du singulier. Le sens grec du mot est : immerger, submerger. Pour les écrits en grec antérieurs aux écrits chrétiens, jamais on ne traduit ce verbe par « baptiser ». Cette traduction est en fait une « transcription ». On a prit le mot grec et on en a fait un mot francisé. Cela est déjà le cas dans la traduction latine (baptizetur) qui déjà a latinisé le terme. Mais un auditeur ou lecteur de langue grecque aurait bien compris de quoi il s'agit : immerger quelqu'un sous l'eau. C'est d'ailleurs ainsi que les baptêmes étaient pratiqués jusqu'au 5e ou 6e siècle si l'on se réfère à la contenance des baptistère dans les églises très anciennes (exemple : l'Eglise St Etienne à Lyon, à côté de la cathédrale St Jean).

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