L'introduction au livre de Jérémie (Jr 1,1-3) est un ajout postérieur et qui a pour but de préciser la période de prédication du prophète lors de l'édition du livre. L'appel de Jérémie proprement dit commence au verset 4 avec une formule qui se répète aux versets 11 et 13 : « la parole du Seigneur me parvint ». La première expérience du prophète, c'est l'écoute de la parole de Dieu, contrairement à Esaïe (Es 6) ou Ezekiel (Ez 1 à 3) pour qui la première expérience est celle de la vision de la gloire de Dieu.
Dieu dit à Jérémie au verset 7 « tu diras tout ce que je t’ordonnerai » et au verset 9 « J’ai mis mes paroles dans ta bouche » ce qui rappelle Deutéronome 18,18 où Dieu dit à Moïse : « Je susciterai pour eux, parmi leurs frères, un prophète comme toi ; je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai ». Il est possible que ce soit un rédacteur qui ai rédigé en partie ce texte car il paraît invraisemblable que Jérémie ai pu se comparer ainsi à Moïse. C'est dire l'estime qu'avaient les disciples de Jérémie pour leur maître. Dieu prend la parole et exprime à la fois son affection pour Jérémie mais aussi le destin auquel il a pensé avant même sa naissance : Jérémie sera un nouveau Moïse, un prophète, mais avec cette particularité d'être prophète « pour les nations (goyim) ». Qu'est-ce que Dieu veut dire à travers cela? Pour le comprendre il faut chercher le sens du mot « goï » dans le livre de Jérémie. On l'a vu dans les articles précédents, Jérémie parle à Juda et Israël (même si le royaume du Nord a disparu), mais aussi à Babylone, aux assyriens, aux égyptiens, aux moabites... Toutes entrent (souvent malgré elles) dans le plan de Dieu pour la conversion du monde.
Le Seigneur explique donc à Jérémie qu'il doit être prophète pour les nations et Jérémie comprend immédiatement de quoi il s'agit. Et encore à l'exemple de Moïse (Exode 3,1 à 4,17), il tente de se défendre, ou plutôt de se défiler en invoquant, non pas son âge comme certaines traductions le font penser, mais plutôt sa position sociale : je ne sais pas parler car je suis un « na'ar », c'est à dire un jeune homme. Ce terme est parfois traduit par « enfant », mais si dans certains contextes c'est possible (Exode 2,6) ici il s'agit plutôt d'un garçon de 17 à 30 ans, capable de combattre (Genèse 37,2 ou 2Samuel, 18,5) mais qui ne peut pas prétendre être un ancien. Or, ce sont les anciens qui peuvent prendre la parole dans l'assemblée...
Or, pour Dieu, ce qui fait le destin de Jérémie, ce n'est pas son statut social ou religieux, mais la promesse : « je suis avec toi ». C'est la même promesse qui avait été faite à Isaac (Genèse 26,24) et à Jacob (Genèse 28,15). Cette promesse est la même que celle qui nous est faite en tant que chrétien (Matthieu 8,18-20). Jérémie doit s'abandonner à faire confiance : Dieu le protégera si Jérémie fait ce pour quoi il est fait. Et s'il est un prophète, son outil est la Parole de Dieu. Avec cet outil il va pouvoir déraciner, démolir, faire disparaître, raser une mauvaise vision de Dieu dans le cœur du peuple puis bâtir et planter une nouvelle vision (Jr 31,33-34) : Moïse fut le premier prophète d'Israël, Jérémie sera le dernier de cette ère pendant laquelle l'infidélité a prédominé (Jr 11,6-8).
Questions pour méditer :
- A quel homme ou femme de la bible vous compareriez-vous ? Demandez aux autres personnes de votre assemblée.
- A quoi pensez-vous que Dieu vous appelle ? Quelle est, ou quelles sont, les missions que Dieu voudrait vous confier ? Etes-vous en train de les accomplir ou attendez-vous de vous en sentir « capables » ?
- Quelles sont les similitudes entre la mission de Jérémie et la vôtre ?