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17 avril 2013 3 17 /04 /avril /2013 20:42

Le fait que les églises se vide est-il vraiment un phénomène de "déchristianisation" ? Peut-être pas. Comme le disait le sociologue Gabriel Le Bras (1), "en réalité la population n'a jamais été christianisée. Du point de vue de l'engagement personnel des individus et de la compréhension du message de Jésus, force est de constater que peu parmi les baptisés ont vraiment compris ce à quoi ils professaient d'adhérer".

Revenons donc à la source du christianisme : JESUS, et faisons un peu de théologie.

Jesus-Zeffirelli.jpg

D'abord, Jésus a des mots très durs envers la religion (2). Par exemple, en Matthieu 23 où scribes + pharisiens = religion, mais il y a multitudes de passages du nouveau testament qui fustigent la religiosité.
Ensuite, Jésus rend Dieu accessible, proche, parmi nous, tangible : c'est la théologie de l'incarnation qui réconcilie le sacré et le profane... la séparation entre les deux est rendue obsolète par le Christ. En conséquence il ne devrait pas y avoir de clergé (3), pas de lieu sacré, pas de terre sainte, pas de temps sacrés... Mais Jésus en tant qu'Emmanuel (Dieu parmi nous) ne désacralise pas, au contraire il sacralise tout.
Enfin, Jésus prêche l'amour, or sociologues, anthropologues et historiens depuis le XIXe ne cessent de démontrer le lien entre sacré, religion et violence. Jésus est venu abolir cela.

Jésus veut changer notre cœur, pas notre comportement : il n'est pas venu nous donner des règles ou une loi, et encore moins une nouvelle religion. Le centre de la prédication de Jésus c'est le royaume de Dieu (sur terre), pas une religion (4).
→ un royaume sans frontière et universel : le contraire de la chrétienté médiévale
→ un royaume indépendant des puissants : le contraire de la religion royale et féodale
→ un royaume de paix : le contraire de l'histoire européenne (et de l'histoire religieuse aussi!)
→ un royaume de vérité : le contraire de l'utilisation politique de la religion.

C'est pourquoi contrairement à ce qu'on peut penser, l'indépendance de l'Etat et de l'Eglise, la loi de 1905 (en France), c'est à dire la laïcité, sont nécessaires pour permettre un retout aux racines (5) du christianisme.

Concrètement, que faut-il faire me demanderez-vous ?
Il ne s'agit pas de restaurer l'Eglise du premier siècle. Cela est impossible (6).

Et encore moins celle des réformateurs du 16e ou de n'importe quel siècle.
Le christianisme du XXIe siècle doit construire ce royaume de Dieu (7), que Jésus a prêché.

Après la christianisation et la réformation il est temps de passer à l'évangélisation.
l'évangélisation c'est annoncer l'évangile (ce n'est pas prêcher une morale, même si le christianisme implique en dernier lieu d'avoir une éthique bien définie). Il s'agit d'aider chaque personne à avoir une relation personnelle avec Dieu.

Si l'Eglise du XXIe siècle n'évangélise pas elle se videra et mourra.


Notes

(1) Gabriel Le Bras (1891 - 1970) était un juriste et un sociologue des religions et du droit. Il a écrit notamment : Institutions ecclésiastiques de la Chrétienté médiévale, 2 vol., Paris, Bloud & Gay, 1959 ; 1964.

(2) Tout le message du Christ est paradoxal parce qu'il renverse les valeurs naturelles, même religieuses.

(3) La chrétienté post XVIe s'est cléricalisée. A la fois chez les Catholiques après le concile de Trente, et chez les protestants, qui bien qu'ayant proclamé le sacerdoce universel des baptisés, n'a pas mis plus d'une génération à constituer un corps de pasteurs auxquels étaient réservés le ministère de la Parole et des sacrements ainsi que la direction effective des communautés.

(4) Je n'entre pas ici dans le débat de la définition de la religion si problématique (on n'est même pas sûr de l'étymologie du mot).

(5) Il est inutile de mentionner les racines chrétiennes de l'Europe dans une constitution. Il faut juste que le chrétiens ou ceux qui se définissent comme tel, vivent le christianisme.

(6) L'Eglise du premier siècle n'avait pas de Bible, et elle faisait face à des problématiques qui ne sont plus les nôtres. Elle vivait de l'enseignement d'apôtres qui ne sont plus là...

(8) cf Stanley Hauerwas : qualifié en 2001 par la revue TIME de « meilleur théologien des États-Unis » auteur de : After Christendom? How the Church Is to Behave If Freedom, Justice, and a Christian Nation Are Bad Ideas, Londres, 1991

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