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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 13:34

 

Lorsqu'on lit Jérémie dans l'ordre de la Bible hébraïque, après 29 chapitres dans lesquels Jérémie se bat contre les rois, les faux prophètes et ses propres interrogations, vient une sorte d'oasis d'espérance dans un désert d'abomination : un petit rassemblement (note 1) de textes qu'on appelle « livret de consolation ». Ces oracles proviennent à la fois Jérémie lui-même à différentes périodes de son ministère (note 2) et peut-être en partie de ses disciples (note 3). 

 

Il est étonnant de constater que les oracles de restauration donnés par Jérémie aux chapitres 30 et 31 concernent aussi Israël le royaume du Nord alors que dans le reste du livre la prédication de Jérémie d'adresse essentiellement à Juda le royaume du sud. Il faut dire que le royaume du Nord n'existe plus depuis -722 c'est à dire depuis plus de 120 ans ! Si on veut lui prêcher, on ne peut que lui annoncer sa restauration. Il est probable que les prophéties concernant Israël datent du temps de la prédication de Jérémie sous Josias et qu'ils furent complétés par Jérémie ou des disciples de Jérémie après le premier exil alors que Sédécias régnait ou pendant l'exil par des prophéties concernant Juda (30,3).

 

Le texte que nous avons forme aujourd'hui un tout cohérent à travers lequel l'Esprit Saint s'exprime. Nous pouvons prendre le texte au premier degré, en comprenant que Dieu va ramener son peuple en Samarie et Judée. Mais nous pouvons aussi comprendre comment Dieu travaille dans l'histoire, et donc dans notre histoire personnelle.

 

Le texte finalisé, explique que l'exil, aussi bien celui d'Israël que de Juda, fait partie de l'éducation (note 4) du peuple de Dieu (30,14), permettant de remettre de l'ordre dans la relation du peuple avec Dieu (30,8-9). Cet exil, cet éloignement loin des racines, sont utiles à la repentance (30,11 et 31,18-19). En effet, le plan de Dieu c'est de se faire un peuple pour lui (30,3.22 et 31,1-9), mis à part (ce qui en terme religieux se traduit par « sanctifié ») du reste des nations qui malgré leur puissance apparente sont éphémères (30,11.16) ce que nous pouvons d'ailleurs constater avec le recul que nous avons sur l'histoire ! (30,23-24).

 

L'exil est une période centrale dans l'histoire du peuple de Dieu, aussi importante que l'exode. Cet événement a un sens, une signification spirituelle : en s'éloignant de Dieu, ce qui revient à aimer le péché (comme on peut aimer un amant : 30,14), on cours au désastre (30,15) et finalement, on s'exile soi-même au milieu du monde (30,10), on se rend malade (30,15-17), on s'enferme dans l'angoisse (30,7) et l'on souffre comme une femme qui accouche (même si on est un homme ! 30,6 - note 5). Mais, ces choix ne sont réversibles que par un puissant Dieu, pris de compassion (30,10.18) lorsqu'on implore sa grâce (31,9), ce qui signifie qu'on désire ardemment (31,21-22) sortir de l'état d'exilé au milieu du monde pour aller vers la terre promise qui représente physiquement ce qu'est spirituellement une vie en relation avec Dieu, c'est à dire une vie de prière, de méditation, d'actionde grâce et de joie (31,6-7.12-14)

 

Dieu nous délivre d'un plus fort que nous (31,11). Il nous rachète, il nous libère (note 6). Mais encore faut-il que nous voulions bien sortir de notre prison (31,21-22), sans quoi, bien que Dieu nous ait ouvert la porte, nous restons prisonniers. Ceci est exprimé avec une image sexuelle en 31,22 : « une femme entoure un mâle » (note 7). La formule qui cherche à marquer l'esprit de l'auditeur, montre que si Dieu désire une relation avec nous, nous devons la désirer « de tout notre coeur » (cf 29,11-14) et agir en conséquence. Revenir d'exil est impossible sans Dieu. Mais c'est impossible sans nous non plus !

 

En Jérémie 31,2 l'exil est comparé à l'attente dans le désert (cf Nombres 14,26-38). Dieu veut un nouveau départ, il veut recommencer à nouveau, inlassablement, à construire sa relation avec son peuple (31,4). Il ne se lasse jamais de nous aimer : « Je t'aime d'un amour éternel » nous dit-il (31,3 voir aussi 31,20).

 

Questions pour méditer :

- l'exil est-il un événement lié à un Dieu en colère et frustré ou à un Dieu qui façonne son peuple à travers l'histoire ?
- est-ce qu'il m'arrive de me retrouver en exil spirituel ? Comment faire pour revenir vers Dieu ?
- qui rend possible le retour ? qui en est responsable ?
- pourquoi Dieu ne se lasse-t-il pas d'aider son peuple ?
- quel proverbe reflète le mieux la théologie de ce texte : 1/ « aide-toi, le ciel t'aidera » ou 2/ « Dieu est avec toi, alors bouge toi » ?

 


Notes

1 Dans la bible, on observe fréquemment que lors de la constitution des livres prophétiques on a rassemblé des textes du prophète ou de ses disciples en les classant par thèmes.
2 Les plus anciens sont probablement ceux qui parlent du royaume d'Israël au Nord de Juda, et qui est appelé aussi Ephraïm ou Jacob, ou descendance de Rachel.
3 Les disciples reprirent les prophéties de restauration concernant Israël et les ont appliqués à Juda.
4 מוּסָד mousâd = éducation, discipline
5 Un parallèle que nous ne pouvons développer faute de place peut être fait avec Romains 8,18-30. Paul pensait-il au livret de consolation de Jérémie en écrivant ce chapitre ? Cependant l'évocation des douleurs de la femme qui accouche est fréquente dans l'imagerie de l'ancien testament.
6 Le verbe פָדָה fâdâh, signifie racheter ou libérer.
7 Traduit plus sobrement en général : « la femme fait la cour à l'homme » (TOB) / « c'est la femme qui va faire la cour à l'homme » (BFC) / « la femme recherche l'homme » (NBS) / « La femme recherche son mari » (JER).
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