Quelle synthèse peut-on réaliser à partir des deux articles qui précèdent ?
D'abord il est important de ne pas trop séparer la soumission à Dieu et la soumission aux autres. En effet, en tant que chrétiens, notre vie a pour but de refléter concrètement dans la vie terrestre ce que nous vivons spirituellement avec notre Dieu céleste.
Nous avons vu que se soumettre est, paradoxalement, une clé de la liberté et de la paix. Sans soumission il n'y a pas de paix, mais plutôt du désordre et de l'incertitude. Le passage de Philippiens 2 que nous avons étudié, est très clair à ce propos. Ainsi, comme Dieu nous laisse libre et nous rends autonome, nous aussi nous devons faire de même dans nos relations les uns avec les autres. Dieu lui-même, à travers l'incarnation, s'est soumis aux humains, à combien plus forte raison devons nous nous aussi le faire.
Or se soumettre, c'est « se mettre sous ». C'est donc supporter : « sur-porter » ou encore « porter plus ». Et là se trouve la clé de l'amour que nous enseigne le Christ et qui est la volonté de Dieu : portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi du Christ (Galates 6,2). Dans la parabole des ouvriers de la dernière heure, les ouvriers qui avaient travaillé toute la journée se plaignent d'avoir « supporté » plus que ceux qui sont arrivés en dernier, pour une récompense identique ! L'amour impose que l'on soit heureux avec ce que l'on a et avec ce que l'on est (c'est une marque de soumission à Dieu), mais également qu'on se réjouisse de ce que les autres ont ou sont (c'est une marque de soumission aux autres). Avec un tel amour, qui relève de la soumission, on ne trouvera jamais que la vie est injuste, car dire cela (ou le penser!) revient à dire que Dieu lui-même est injuste.
Une question récurrente et difficile quand on parle de soumission au sens biblique du terme est celle de la femme à son mari. Comment comprendre cela ? Le contexte historique de production des documents bibliques n'est-il pas à considérer ? Dois-je obéir littéralement à ces passages ?
Toutes ces questions qui relèvent d'une autre, sur la nature de la Parole de Dieu, peuvent être mises de côté en considérant que la soumission est une question d'amour et non de de hiérarchie, une attitude active et non l'attente passive d'un ordre donné par un plus gradé que moi. Dans le mariage, il n'en n'est pas autrement.
Un bon exemple de soumission d'une femme a son mari est celui d'Abigail en 1Samuel 25. Lorsque David résolu de tuer Nabal son mari ainsi que tous les hommes de son clan parce qu'il avait refusé de lui rendre un service qu'il lui devait, Abigaïl, en secret, prend l'initiative de faire le contraire de ce que souhaite son mari : donner à David ce qu'il demande. Apparemment elle ne s'est pas soumise à son mari ! Et pourtant à bien y regarder on comprend qu'elle lui sauve la vie et accompli ce qu'il aurait du accomplir s'il avait eu quelques principes moraux. Abigaïl s'est soumise aux besoins de son mari et non à sa volonté ou son désir. Elle s'est humiliée, elle s'est rabaissée devant David pour rattraper l'erreur de son mari. Elle a été le vis à vis qu'une femme doit être pour son mari, et non une bonniche obéissante et décérébrée. Elle était probablement bien plus intelligente et perspicace que lui, et surtout bien plus spirituelle, ce qui plut à David qui après la mort de Nabal la prit pour femme.
Chères lectrices, qu'auriez-vous fait à la place d'Abigaïl ? Si vous aimez votre mari, probablement auriez-vous été capable de faire la même chose ! (note 1).
Chers lecteurs, comment auriez-vous réagi à l'attitude d'Abigaïl ? Soyons honnêtes, on aurait probablement pas aimé ! Mais ici Nabal a le mauvais rôle ; si l'on ne veut pas que notre femme, par soumission, fasse à notre place ce que nous aurions dû faire, alors soyons responsables en nous soumettant à l'amour qui dans cette situation aurait exigé de rendre service à David.
A travers cet exemple on le comprend : la soumission c'est d'abord de l'amour.
notes